Informatique : l’empreinte carbone des entreprises
Rien n’est plus difficile à estimer aujourd’hui que la pollution mondiale des réseaux informatiques. Il faudrait pour cela surveiller ou monitorer les installations informatiques de manière assidue, chose difficilement réalisable. Afin d’établir un verdict partiel et probabiliste sur le sujet, l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a conduit en parallèle avec des spécialistes de l’audit énergétique l’expérience « Conso IT » dans 50 entreprises de toutes tailles de l’ouest de la France.
Empreinte carbone : Un échantillon de 72 000 personnes
Mesurer l’empreinte carbone des équipements informatiques se révèle bien plus difficile à réaliser qu’il n’y parait: il faut différencier précisément la part de l’électricité consacrée au parc informatique du reste des consommations électriques, le parc informatique fonctionnant parfois de jour comme de nuit.
Sur la base du volontariat, l’Ademe a fait appel à 50 entreprises composées de 12 à plus de 10 000 employés, pour un total de 72 000 employés. Pour représenter au mieux la diversité à l’oeuvre dans le monde de l’entreprise et crédibiliser les résultats l’enquête a en outre minutieusement sélectionné les candidats de manière à avoir la meilleure palette de secteurs d’activité: administration, distribution, industrie, santé, enseignement, et bien sûr services.
L’ensemble de ce parc d’activité compte 100 000 unités informatiques, à défaut d’une étude logicielle imprécise étant donné la taille et les caractéristiques de l’échantillon il aura fallu 1 400 sondes évaluant la consommation physique des 50 entreprises. L’étude incluait des ordinateurs fixes ou portables, des imprimantes, des copieurs, mais aussi des routeurs et des serveurs deux postes gourmands en électricité.
Un bilan informatique encourageant
Les entreprises françaises ont encore de la marge pour réduire les émissions de CO2 provenant de leur parc informatique. Sur une année le consommation des 50 entreprises serait de 26 800MWh soit l’équivalent de 10 000 ménages français ou encore 2 230 tonnes de CO2. Cependant l’étude de l’Ademe a aussi montrée que ces émissions peuvent être réduites de manière significatives: l’institut planche sur une amélioration raisonnable de 10% pour les switches, de 20% pour les serveurs, et de 30% pour la bureautique de surcroit premier poste de consommation.
Mais là encore, les rejets de CO2 varient selon le secteur d’activité de l’entreprise : l’industrie et la santé consacrent une part relativement faible de leurs consommations énergétiques à l’informatique (de 2% à 15%) là où l’administration et les services en raison de leur modèle économique concentrent une part relativement élevée d’équipement informatique (plus de 20% en moyenne sur l’ensemble des consommations).
Quelles économies à réaliser?
En optimisant intelligemment son parc informatique de manière à consommer moins d’électricité sur une année comptable, une entreprise peut alléger ses charges.
Sur les 26 800MWh utilisés sur une année, l’Ademe a ainsi estimé qu’il serait possible de réduire de 25% les consommations énergétiques. Cela passerait notamment par une meilleure gouvernance autour de l’informatique mais surtout par le remplacement et l’entretien des équipements électriques et de climatisation existants.
800 000€, c’est la dépense annuelle qui aurait pu être dès lors évitée par les 50 entreprises évaluées dans le cadre du projet Conso IT, ce qui à l’échelle nationale représenterait plus de 260 millions d’euros. Les entreprises qui réduisent leurs émissions de CO2 peuvent en outre bénéficier de subventions publiques ou d’avantages compétitifs lorsqu’elles évoluent sur le marché européen du carbone.
Compenser avec le Compte CO2
La prime du Compte CO2 s’applique aussi aux entreprises qui réduisent leurs émissions de CO2: ces dernières ont l’opportunité de transférer les gains de CO2 issus des efforts d’amélioration énergétique directement auprès de leurs salariés, et ceci sans charges salariales supplémentaires!
Leasecom est un exemple typique d’entreprise qui compense ses émissions de CO2 auprès du Compte CO2. En 2015 2328 tonnes de CO2 ont été compensées. Il est à noter que l’entreprise calcule chaque année l’empreinte carbone des outils informatiques qu’elle loue pour les compenser.