Les risques climatiques s’intègrent dans les préoccupations des investisseurs

risques climatiques

Dans un contexte de changement climatique, les acteurs financiers peuvent se retrouver exposés à plusieurs risques climatiques. Les décisions prises aujourd’hui par les investisseurs et les entreprises pourraient avoir des conséquences non négligeables sur leurs actifs à l’avenir.

Risques financiers associés aux enjeux climatiques

Les acteurs financiers se retrouvent exposer à 3 types de risques face au changement climatique. Les risques physiques liés à l’impact du changement climatique sur l’agent économique (entreprise, collectivité, …) et sur ses sources de revenu. Les risques de responsabilité liés à d’éventuelles poursuites en justice dans le cadre de la non prise en compte ou de la sous estimation des risques climatiques. Enfin, il existe les risques de transition liés à l’adoption d’un modèle économique bas-carbone.

Selon le rapport publié par I4CE (Institute For Climate Economics) le 4 mai 2017, il est essentiel pour les entreprises de mettre en place un modèle économique bas carbone afin de réduire les risques climatiques. En effet, il existerait davantage de risques économiques pour le modèle économique traditionnel basé sur une utilisation importante des énergies fossiles que pour le modèle bas-carbone. L’augmentation du prix des émissions de gaz à effet de serre, les changements de comportements des consommateurs ou encore l’augmentation du coût des matières premières sont des exemples de facteurs délétères pour les modèles économiques anciens.

Une étude parue en avril 2016 dans la revue Nature Climate Change estime que si l’on conserve l’ancien modèle économique, sans passer à un modèle économique bas carbone, le changement climatique entraînerait, avec une probabilité de 99%, 24 200 milliards de dollars de perte sur la totalité des actifs mondiaux d’ici 2100. Pour donner un point de repère, en 2014, les actifs mondiaux générés s’élevaient à 74 000 milliards de dollars.

Prise en compte des risques climatiques par les investisseurs

Les risques climatiques sont mieux pris en compte par les investisseurs. C’est le résultat d’une étude menée par l’organisation non gouvernementale AODP (Asset Owners Disclosure Project) qui a pour objectif de sensibiliser les investisseurs sur l’impact potentiel du changement climatique sur leurs investissements. L’ONG publie chaque année un rapport dans lequel figure le degré de prise en compte des risques climatiques chez les 500 premiers investisseurs mondiaux.  Depuis peu, l’ONG classe également les 50 principaux gestionnaires d’actifs. Les investisseurs institutionnels gèrent l’argent de leur client, il peut s’agir des banques, des fonds de retraites ou des compagnies d’assurance. Concernant les gestionnaires d’actifs, ceux-ci gèrent le portefeuille de leur client, notamment via les placements.

Pour réaliser son étude, l’ONG interroge les investisseurs et les gestionnaires d’actifs. L’enquête les classe avec une note allant de AAA à D. La note de X est attribuée lorsque les investisseurs ne font pas mention des risques climatiques. Le résultat de l’étude permet aux différentes parties prenantes et au public d’identifier ceux ayant les meilleures pratiques en terme de gestion des risques climatiques. La mise en compétition des différents organismes peut ainsi permettre le développement des meilleures pratiques en terme de gestion des risques climatiques.

Parmi les 500 plus gros investisseurs institutionnels, 60% d’entre eux fournissent des informations sur les risques potentiels du changement climatique sur leurs investissements. L’année précédente, ils étaient 51%. C’est un fond de pension australien qui remporte la première classe du classement, suivi par des fonds de pensions anglais et américains. Parmi les 50 plus gros gestionnaires d’actifs, 70% d’entre eux font part d’informations relatives au risque climatique. Les 14 premières places du classement sont prises par des gestionnaires d’actifs européens.

Aujourd’hui, la majorité des investisseurs et des gestionnaires d’actifs communiquent quand à l’impact potentiel du risque climatique sur leurs actifs. Toutefois, sur les 500 plus gros investisseurs, seuls 112 d’entre eux passent concrètement à l’action et mettent en oeuvre des actions pour réduire leur vulnérabilité.

La A-list, les entreprises les plus avancées en terme de stratégie climat

Au sein même des entreprises, des stratégies climat sont adoptées. C’est notamment le cas des entreprises qui s’engagent à réduire leurs émissions CO2 ou à calculer leurs émissions de CO2. Le Compte CO2 permet notamment aux entreprises de calculer leurs émissions de CO2 et d’être récompensée en cas de réduction. La A-List 2016 du CDP (Carbon Disclosure Project), recense les entreprises les plus avancées dans la lutte contre le changement climatique.

La première motivation concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre des entreprises interrogées et de réduire leur vulnérabilité face aux risques climatiques. Pour réduire leur vulnérabilité, plusieurs actions sont possibles. Près de 48% des entreprises de la A-list ont mis en place un prix interne au CO2 et 33% ce sont engagées dans cette voie. Concernant la production d’électricité issue d’énergies renouvelables, 43% des entreprises les ont intégrées à leur production ou consommation énergétique.

Aujourd’hui, les enjeux climatiques sont pris en compte dans l’ensemble des secteurs d’activités. Néanmoins, certains efforts restent à faire. Par exemple, concernant les stratégies climat des entreprises, celles-ci devraient s’aligner sur une trajectoire permettant de limiter le réchauffement climatique à +2°C.